L'accréditation du Tribunal suprême électoral

Afin de pouvoir observer les élections avec latitude, il est nécessaire d'obtenir une accréditation du Tribunal surprême électoral (TSE). Cette accréditation confère certains droits indispensables à l'observateur-trice. Par exemple, l'observateur-trice peut avoir accès aux bureaux de vote, et ce de l'installation jusqu'au recomptage. Il/elle peut aussi recevoir des plaintes de n'importe quel citoyen, entité ou parti politique.

De plus, le fait d'être reconnu-e officiellement comme observateur-trice international-e par une instance comme le TSE donne au rapport produit une plus grand crédibilité.

Le TSE est le seul organisme gouvernemental permanent dans la structure électorale du Salvador. C'est l'équivalent du bureau du Directeur général des élections du Québec (DGEQ). Par contre, contrairement à celui-ci, le TSE est un organe partisan puisque trois des cinq magistrats qui le composent sont nommés par les partis politiques ayant obtenu le plus de votes aux élections présidentielles. Les deux autres magistrats sont nommés par la Cour suprême de justice. Malgré son aspect partisan, le TSE est un organisme indépendant avec une autonomie juridique, administrative et financière. Il est entre autre responsable d'élaborer les règlements et les processus qui permettent de suivre le cadre établi par le code électoral. Évidement, c'est aussi le TSE qui se charge d'autoriser et de former les observateur-trices de différentes catégories, soit nationale ou internationale.

Dès la formatio
n de notre groupe à l'automne 2007, la question de l'accréditation a été primordiale. Comment allions-nous obtenir cette fameuse clé? Par le biais du CIS, qui jouit d'une bonne réputation auprès du TSE, nous avons aujourd'hui tous et toutes obtenu-es le titre d'observateur-trice international-e. Il est important de préciser que le TSE a fait montre d'une plus grande ouverture que lors des dernières élections, puisqu'il a octroyé aux membres de différentes organisations, dont à 2000 étudiants de l'Université centre-américaine, l'accréditation d'observateur-trice nationaux-ales.

C'est donc avec notre accréditation au cou que nous allons recevoir la formation du TSE, visiter l'ambassade canadienne ainsi que différents acteurs de la société civile et des partis politiques. Nous serons ensuite fins prêt-es à observer ces élections tant attendues au sein de la société salvadorienne et, espérons-le, à contribuer à un processus plus transparent et démocratique.

Édito: polarisation et partisanerie

La polarisation des élections au El Salvador représente un phénomène fascinant. Jamais nous, Québécoises et Québécois âgé-e-s entre 24 et 33 ans, n’avons vu tant d’engouement et de « partisanerie ». Le marketing électoral, dans un tel contexte, représente un moyen de propagande important. Les militants arborent les couleurs rouge associées au parti de la gauche, le FMLN,ou celles bleu, blanc et rouge du parti ARENA.

Cette visibilité militante semble enflammer les passions et a donné lieu à des actes fréquents de violence envers ceux et celles qui s’affichent pour le parti opposé. Les pressions sont aussi importantes sur les employé-es de plusieurs secteurs précaires, sous des formes diverses, par exemple dans des discours tels : « vous aurez un emploi après les élections si tel parti est élu », ce qui, bien évidemment, représente des moyens illégaux, mais assez communs pour convaincre certains indécis. Des t-shirts, casquettes, chapeaux, drapeaux, bracelets, pamphlets, autocollants « I love FMLN », « Yo voto ARENA » (je vote ARENA) ont été reproduits en milliers d’exemplaires. Heureusement, parce qu’on se demande vraiment comment le financement d’un tel déploiement est rendu possible. Par exemple, nous avons aperçu un avion qui pendant au moins une heure a volé au dessus de la capitale en tirant derrière lui un gigantesque drapeau du parti ARENA.

En réalité, au El Salvador, les budgets investis par les partis concurrents ne sont pas contraints par des limitations comme c’est le cas notamment au Québec, où des montants spécifiques sont alloués et ne doivent pas être dépassés. Ce fait est largement critiqué, surtout par ceux et celles, capables de mesurer l’impact économique d’un si faste plan propagandiste, dans un pays où une large proportion de la population n’a même pas accès aux ressources de base, notamment à l’eau potable et à des soins médicaux adéquats.

Depuis les deux derniers jours, j’ai été témoin des mobilisations générées par l’organisation des fermetures de campagnes de chacun des partis. Les cris et les chants, les klaxons et les slogans, des autobus remplis de partisans provenant de tous les coins du pays pour venir clamer leur préférence politique. Ces rassemblements sont intergénérationnels et rassemblent sur un même front des représentants de toutes les classes sociales. Cette situation est pour le moins intéressante, puisqu’elle témoigne de l’intérêt quasi général de la population salvadorienne pour ce momentum électoral. En fait, jamais la lutte n’a été aussi chaude entre les sympathisants du FMLN et ceux de ARENA depuis la signature des accords de paix mettant fin à la guerre civile (1979-1992).